Le pouvoir derrière le trône ... (Légende khanshek)

Wuzaoh était d’origine modeste mais d’une exceptionnelle beauté. Un jour l’Empereur Taizong la remarqua. Mu par le désir de la posséder, il fit de cette frêle jeune fille sa concubine.

A la mort de Taizong, Wuzaoh fut un moment écartée de la cours. Elle n’avait alors que 18 ans mais était persuadée que sa vie se terminerait dans le monastère où on l’avait placée.
C’était sans compter l’amour que lui portait en secret Gaozong, le nouveau souverain, fils du précédent monarque. Il la fit donc revenir à la cour.

Le jeune homme était déjà marié. Wuzaoh retrouva donc son statut de concubine mais elle prit aussi celui de favorite. Car la jeune fille n’était plus la créature innocente qu’elle avait pu être. Elle connaissait désormais les rouages du pouvoir. Son ambition n’ayant aucune limite, elle décida que tous, y compris l’Empereur allaient désormais devoir lui obéir.

Et c’est ce qui se passa...

L’Empereur était quelqu’un de faible. Il ne pouvait rien refuser à la courtisane. Grâce à sa beauté angélique et à une naïveté qu'elle savait si bien feindre, elle obtenait tout de lui. Ainsi cette anecdote ayant eu lieu au retour d’une campagne victorieuse de l’armée de l’ouest.
Les généraux avaient entassé le butin dans la cour intérieur du palais. Ce trésor était magnifique. Il y avait là des armes, des pierreries, des joyaux, des jarres remplies de pièces d’or, des tapis de laine et de soie mais aussi des animaux tous plus exotiques les uns que les autres : des oiseaux au plumage de feu, des singes savants, des félins tout juste apprivoisés. Il y avait aussi des hommes, des prisonniers de guerre. Certains allaient devenir esclaves d’autres …

Comme le voulait la coutume, l’empereur devait se servir en premier. Par galanterie, il se tourna vers Wuzaoh et lui demanda ce qu’elle désirait. Elle désigna un colosse à la musculature impressionnante. Le commandant en chef avait tenté de protester en expliquant que ce monstre avait massacré nombre de braves et qu’il avait fallu une dizaine d’hommes pour le maîtriser. Sa force n’ayant d’égale que sa haine, on lui avait couper la langue pour qu’il cesse de proférer des insultes.

Loin d’être terrifiée par ce sinistre tableau, Wuzaoh insista. L’Empereur lui accorda ce cadeau. Tous se prosternèrent devant la volonté du fils des Dieux.

Par reconnaissance, le monstre devint la chose de Wuzaoh. Il était ses yeux et ses oreilles à la cours. En effet, les gens avaient un peu trop tendance à oublier que, s’il était muet … il n’était pas sourd. Grâce à un code, il transmettait les informations à sa maîtresse.
Mais … il n’était pas seulement un espion. Il était aussi un exécutant des basses œuvres. Ainsi, c’est lui qui assassina l’impératrice.

Celle-ci était tombée en disgrâce et avait été enfermée dans les geôles par décision de l’Empereur. Evidemment, tant qu’elle vivait, elle représentait un risque. Pour Wuzaoh, c’était inacceptable…

Ce meurtre qu’elle avait commandité, lui permit d’accéder au trône… mais … sa conscience ne la laissa plus dormir en paix. Ainsi, toutes les nuits d’horribles cauchemars venaient la tourmenter. Elle se voyait en souris alors que son ancienne rivale avait pris l’apparence d’un chat. Régulièrement, elle se réveillait en sueur en poussant d’abominables cris.

Elle décida qu’aucun chat ne serait plus toléré dans l’enceinte du palais.

Mais rien n’y fit.

Les cauchemars continuèrent car c’est bien connu : les victimes aiment tourmenter leurs bourreaux...

Après avoir mené une vie remplie d’intrigues dans le seul but de conserver le pouvoir, Wuzaoh mourut dans son lit. Ceux qui assistèrent à son agonie ont raconté qu’elle semblait s’adresser à des ombres qu’elle leur demandait de partir, de la laisser enfin en paix.

Mais aucun de ces témoins ne sauraient dire si après son dernier souffle, l’impératrice eut le repos qu’elle implorait. Car, cela va sans doute vous sembler ridicule mais … la plus grande peur de Wuzaoh était de se réincarner en souris…